[Instruction du Procès Klaus Barbie : Ute Messner, fille...

droits Creative Commons - Paternité. Pas d'utilisation commerciale. Pas de modification.
localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0901 FIGRPTP0276 02
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 15 x 20 cm (épr.)
description Au centre, Ute Messner, fille de Klaus Barbie, entourée de son mari Heinrich Messner (à droite) et du bâtonnier Alain de la Servette (à gauche), avocat commis d'office qui assura la défense de Klaus Barbie les premiers mois de l'instruction mais se retira de la procédure pour "incompatibilité de style" avec Jacques Vergès.
historique Le procès de Nikolaus dit Klaus Barbie s'est déroulé du 11 mai au 4 juillet 1987 devant la Cour d'Assises du département du Rhône, au Palais de Justice de Lyon. C'était la première fois en France que l'on jugeait un homme accusé de crime contre l'humanité. Les charges retenues contre Barbie concernaient trois faits distincts : la rafle opérée à Lyon le 9 février 1943 à l'Union Générale des Israélites de France (UGIF), rue Sainte-Catherine ; la rafle d'Izieu du 6 avril 1944 ; la déportation de plus de 600 personnes dans le dernier convoi parti le 11 août 1944 de Lyon à destination des camps de la mort. Au terme de huit semaines d'audience, Klaus Barbie est condamné le 4 juillet 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité. Il décède le 25 septembre 1991 à la Prison Saint-Joseph à Lyon.
historique La dernière fois que Ute Messner avait vu son père, c'était au bord d'une tombe : celle de sa mère. Au cimetière allemand de la Paz, le 6 décembre 1982. Ce père - Klaus Barbie - qu'elle avait quitté en 1969, en même temps que la Bolivie, pour s'installer en Allemagne d'abord, en Autriche ensuite, elle l'a revu le 5 mars 1983 pendant environ une heure et demie dans le décor étouffant d'un parloir ordinaire de la prison Saint-Joseph. Derrière un hygiaphone, une vulgaire vitre, et le plus infamant des obstacles élevés entre un homme et son enfant. Depuis son incarcération à Lyon, Barbie semblait soutenu par une seule idée : recevoir la visite de sa fille. Quand sera-t-elle autorisée à venir ? La question revenait sans cesse dans sa bouche comme la plus douloureuse des préoccupations de sa nouvelle vie de prisonnier. A cette anxiété de vieillard piégé répondait en écho lointain l'attente de la jeune femme, multipliant de son Tyrol d'adoption les contacts téléphoniques avec l'avocat de son père, jusqu'à ce jour où elle apprit, enfin, que sa demande de permis de communiquer avait été acceptée par le juge d'instruction Christian Riss. Le drame vécu par cette jeune femme de 42 ans, employée de bibliothèque à Kufstein, se lisait en clair et en creux, sur son visage frangé de blond qu'altéraient la peur et l'angoisse. "Je n'al eu connaissance des deux condamnations à mort prononcées contre mon père que le mois dernier", affirmera-t-elle en fin de journée. En réalité, tout laisse supposer que depuis bien longtemps, et au moins le début des années 1970, elle sait à quoi s'en tenir sur les activités du "Boucher de Lyon" pendant la guerre. Mais comment ne pas comprendre qu'elle ait plus ou moins consciemment enterré dans une partie morte d'elle-même ces racines de la haine que le destin lui avait imposées ? Des racines qui brutalement se sont révélées à elle à l'annonce de l'arrestation de son père. Qui se sont nouées seulement lorsque, escortée par une grappe de policiers, auxquels elle rendra par la suite hommage - "je les remercie de leur protection" -, lorsque pourchassée par un groupe de journalistes et de photographes, elle fut guidée au fil d'un parcours pavé de honte. Qui du palais de justice déserté où son permis lui fut signifié par le juge de permanence, M. Desmures, la conduisit à la prison, après un rapide entretien dans le cabinet du bâtonnier Alain de la Servette, l'avocat de Barbie, et un peu de repos dans une chambre du Sofitel, loué pour deux nuits sous un faux nom français, la veille. Singulier itinéraire que celui-là: il la fit traverser ce décor hérité d'un passé historique revivifié qu'est la Maison des avocats, dans le vieux quartier Saint-Jean, pour emprunter le dédale de couloirs aux murs gris qui mènent dans ce sanctuaire malcommode qu'est l'Instruction, avant de retrouver la quiétude feutrée d'un cabinet d'avocat, et le luxe modern-style d'un "Quatre Etoiles", dernière étape avant la prison. Elégamment vêtue d'un manteau de cuir sombre, adouci par un foulard mauve, elle sera accompagnée par son mari, Heinrich Messner, un professeur de lycée, au petit chapeau vissé sur la tête, et au maintien réservé jusqu'à la rigueur. Et par un interprète, qui pourrait peut-être n'être pas que cela. Un autre avocat français ? Pas un Lyonnais, en tout cas. Pourtant, en fin d'après-midi, Ute Messner affirmera catégoriquement ne pas vouloir prendre d'initiatives dans l'organisation de la défense de son père : "Je n'ai pas contacté d'avocats allemands. C'est à mon père d'orienter sa défense comme il l'entend". Sur les éléments du dossier réunis à ce stade de l'information, elle se refusera au moindre commentaire. [...] Source : "La fille de Klaus Barbie était à Lyon" / Gérard Schmitt in Le Journal Rhône-Alpes, 6 mars 1983.
note à l'exemplaire Photographie issue des archives du Journal Rhône-Alpes.
note bibliographique "Le bâtonnier et le bourreau" / Gérard Schmitt in Lyon Figaro, 4 mai 1987, p.6-7. - "La fille de Klaus Barbie est à Lyon" / Jean-Claude Gallo in Le Progrès de Lyon, 6 mars 1983.

Retour